2010. Du COTE de l’EVEREST
Octobre 2010
Sagarmatha – Népal
03 octobre:Embarquement à Katmandou avec mon guide pour Lukla (2840m), plus à l’est, en à peine une petite heure de vol dans un petit « coucou » d’une vingtaine de places. L’excitation du départ est vite amoindrie, car nous volons dans les nuages, donc pas de visibilité sur la chaîne himalayenne. Néanmoins, quelques trouées éparses laissent apercevoir le relief très accentué des cultures en terrasses…et le degré des pentes. Ce qui explique la configuration de la piste d’atterrissage : courte (très courte) et en montée !
Nous voici donc en pays sherpa pour un mois. Oui, j’ai du temps, j’ai donc décidé de « profiter »…
Le peuple SHERPA est une ethnie d’origine tibétaine, dont le nom signifie « peuple qui vient de l’Est ». En effet, il y a environ 500 ans, les Sherpas ont quitté la province du Kham, située dans l’Est du Tibet, pour s’établir principalement au pied du Mont Everest, Chomolungma en tibétain.
Dès la sortie de l’aérodrome, des panneaux indiquent que nous sommes sur le territoire du panda rouge. Malheureusement, ce n’est pas la meilleure saison du bambou (juin, juillet, août). Donc, les pandas ont migré !
Après le repas, nous débutons le trek à proprement parler.
2h20 de « montagnes russes » jusqu’à Phakding (2610m), histoire de nous « mettre en jambes » pour le lendemain.
En chemin, je retrouve avec un certain plaisir les « murs de mani » (les Sherpas sont bouddhistes) qui sont des empilements de pierres gravées du mantra « om mani padme um ». Je suis aussi stupéfaite de découvrir des pans entiers de gros rochers recouverts de prières et de représentations de déités, aussi bien peints que sculptés. Quel travail !
04 octobre:
En piste pour 1200m de montées vers Namche Bazar !
Bien que ce ne soit pas encore la pleine saison touristique, on se croirait sur une nationale un jour de départ en vacances, avec les caravanes de yacks en guise de files de poids lourds. De ce fait, l’allure est tranquille, ce qui permet d’admirer à loisir le paysage alentour.
Côté végétation, on trouve aux abords des maisons beaucoup d’œillets d’Inde, cannas, hellébores, roses trémières, dahlias, asters, capucines, buddleias ; plus loin, hormis les pins et les fougères, nous longeons une forêt de rhododendrons et de magnolias. Le spectacle doit être splendide au moment de la floraison… Petite précision quant aux rhododendrons : ce sont bel et bien des … arbres ! et non des arbustes comme chez nous !!
Côté chemin, les marches, régulières ou pas, sont légion ! Même arrivés, il nous faudra encore en monter pour accéder au lodge (Namche Bazar ressemble en gros à une arène)… Et encore deux étages pour atteindre la chambre (pff…).
Quand on débouche sur Namche (3440m), la première impression olfactive est désagréable : on sent le kérosène pour les avions et les hélicos. Puis en s’enfonçant dans les ruelles, on n’y fait plus trop attention.
05 octobre:
Journée d’acclimatation.
Je prends le soleil dans la cour du lodge et j’assiste au bain « local » d’une petite fille. Ah ! La technique pour le shampooing ! Les bras sont enveloppés avec le corps dans une grande serviette, elle est maintenue à l’horizontale le bassin coincé entre les jambes de sa mère, qui la soutient au niveau du cou d’une main et la shampooine de l’autre ! Puis massage recto-verso de TOUT le corps avec de l’huile… de tournesol ! Enfin l’habillage : 3 couches en bas, 4 en haut… et elle n’a même pas l’air d’un « Bibendum » !
A 8h00, les montagnes sont dégagées (elles culminent entre 5000 et 6000m). A 9h30, quelques nuages s’accrochent. A 10h15, elles ont disparu !
06 octobre:
Direction Thame (3800m). Nous longeons la rivière Bhote Koshi Nadi, assez tumultueuse après la mousson. Je crois reconnaître la Gentiane de Koch, que je rebaptise « himalayenne » dès que je l’approche, car elle est bicolore : bleu pâle et blanc.
Nuages, nuages ! Les sommets ne se dévoilent que pudiquement. Et à 4h de l’après-midi, le brouillard s’est installé sur le village.
07 octobre:
Visite d’un monastère sur les hauteurs de Thame. Nous avons pu assister en partie à une Puja (prononcer « poudja »), qui est une cérémonie d’offrande et d’adoration de la divinité. Dans le bouddhisme, ce rituel exprime la gratitude envers le Bouddha. Entre le son des instruments traditionnels et celui de leurs voix très profondes, le dépaysement est total…
Durant le retour, encore imprégnée de cette atmosphère si particulière, j’ai eu un instant de flottement devant un bouquet… d’édelweiss (surprise… émerveillement… cadeau… bonheur…)
09 octobre:
Grosse journée de 7h pour rejoindre Gokyo Lake.
Casse-croûte à 5000m (il fait 2°C), traversée de quelques plages « glacières » de sable, premiers névés hors sentier à 5200m… et la récompense qui nous attend, majestueuse, une fois arrivés au col (le Renjo Pass) à 5360m : le Mont Everest est face à nous, haut de ses 8848m d’altitude ! Et pour honorer les efforts de chacun, le temps nous offre une superbe vue dégagée sur la chaîne de l’Everest, le Lhotse, le Makalu, le lac de Gokyo…WOAW…!!!
Cependant, l’inquiétude est là : depuis que nous avons dépassé les 5000m, j’ai un « petit »mal de tête lancinant. Je pense bien évidemment au Mal Aigu des Montagnes dû à l’altitude, mais j’ai toujours un bon appétit. C’est tout simplement dû au vent glacial qui transperse mon bandeau de laine doublé de polaire. Puisque j’ai la capuche du coupe-vent, Eole m’attaque de front !
Le Toit du Monde est bien gardé !
10 octobre:
Petit déj’ à 8h30 devant le lac de couleur turquoise, en T-shirt, casquette et… crème solaire ! Un raffut insolite me tire de ma léthargie contemplative : 2 poules faisanes se volent méchamment dans les plumes !
Petite ballade sur les crêtes qui surplombent le glacier Ngozumpa, avec le Cho Oyu (8200m) en arrière-plan… Je me sens vraiment très petite devant le spectacle qui s’offre à moi…
Les panneaux photovoltaïques servent principalement pour l’électricité, le soleil à cette altitude n’étant pas suffisamment « opérationnel » pour la douche. Pour celle-ci, l’eau est chauffée au kérosène, ce qui explique que plus on monte en altitude, plus le prix de la douche est élevé. L’eau ainsi chauffée est transvasée dans une petite cuve sur le toit de l’abri douche, mais elle se refroidit très vite. Il faut donc bien choisir son heure !
Mi-octobre:
Une fine pellicule de neige avait recouvert le paysage. Départ à 7h00 par -9°C, dans la pénombre et le brouillard, qui ne nous quittera qu’une demi-heure avant d’atteindre le Cho La Pass à 5368m. Et comme pour le col précédent, les nuages se déchirent, nous permettant ainsi d’admirer le panorama grandiose, aussi bien recto avec le Cho La Glacier et les sommets Lobuche West (6135m) et Lobuche East (6090m), que verso avec le Kyajo Ri (6135m), le Teningbo (5839m) ou le Kapsale (5585m) … Nous restons sans voix, mais ce n’est pas dû au souffle court…
La descente jusqu’à Dzonglha (4830m) nous présente peu à peu une des montagnes considérées comme les plus belles du monde : l’Ama Dablam (6835m).
Nous remontons la vallée du Khumbu en direction de Lobuche (4910m). Droit devant, le Pumo Ri
nous domine de ses 7165 mètres, alors que nous arrivons à Gorak Shep (5140m). Humilité encore…
Nous avons l’intention d’aller jusqu’au sommet du Kala Pattar (5545m) le matin de bonne heure, car le point de vue sur l’Everest y est particulièrement bon. Malheureusement, il a neigé dans la nuit. A 4h00 du matin, le plafond est très bas, aucune visibilité. Quelques-uns partent quand même, armés d’espoir… mais reviennent bien vite, bredouilles et déçus.
Pheriche (4240m)
Le temps dégagé nous permet d’assister au ballet des hélicoptères. Ils montent le kérosène, quelques personnalités et touristes aisés et redescendent des accidentés et des victimes du MAM (le mal aigu des montagnes).
Dingboche (4410m)
J’assiste au tri sélectif. Un homme arrive chargé de son « doko » (hotte népalaise) qu’il avait dû remplir le long du chemin et commence à le vider. Les cartons restent au lodge et serviront de combustible avec les bouses de yack séchées ; les bouteilles en plastique sont emportées par un porteur ; idem pour les sachets plastique.
Je « tombe » sur le livre de Jacques Lanzmann « Le fils de l’Himalaya », qui décrit quelques us et coutumes du peuple sherpa.
« Mani Rimdu Festival » à Tengboche (3860m)
Nous avons la chance d’assister à la fête religieuse la plus spectaculaire du peuple sherpa.
8 heures durant, des moines-danseurs se relaient en habits d’apparat et masques, personnifiant les dieux et les démons dans des chorégraphies sophistiquées ayant pour but de rappeler la victoire du bien sur le mal. Cet enchaînement de tableaux est à plusieurs reprises entrecoupé de sketches, dans lequel un touriste est mis à contribution, pour le plus grand plaisir de l’assemblée !
Fin octobre:
Dans le très étendu village de Khumjung (3800m), j’ai la surprise de découvrir des lampadaires… solaires, qui éclairent assez bien, vu les endroits où ils sont placés.
A l’hôpital du village attenant, le long du porche qui tient lieu de salle d’attente, diverses recommandations d’hygiène pour la vie quotidienne sont imprimées avec des dessins en couleur sur des espèces de tabliers en tissu : comment gérer la diarrhée chez le jeune enfant, les différentes façons d’allaiter, le lavage des mains après les travaux dans les champs, pour cuisiner…
Un petit tour au marché de Namche Bazar me laisse admirative quant à la façon qu’ont les Népalais de s’accommoder du relief !
On trouve de tout : alimentaire, habillement, quincaillerie, animaux, vaisselle, pharmacie, hygiène…Etalé sur plusieurs niveaux du sentier, sol et murets compris.
Une multitude de personnes se croisent sur un étroit passage laissé libre et les vendeurs sont accroupis sur les murets ou au bord du chemin, avec quelques fois le séant en lévitation au-dessus du vide !!! A se demander comment il n’y a pas plus d’accident, avec toute cette bousculade !
La boucle est ainsi bouclée !
Nous redescendons jusqu’à Lukla pour reprendre l’avion. Les chutes de neige environ 600 mètres au-dessus ont refroidi l’atmosphère. De retour à Katmandou, le changement de température fait du bien…
Framboise.
levaillant 24 décembre
Bonjour,
j’ai consulté votre blog car je m’intéresse à ceux qui croisent en chemin des « mani »
j’érige mes cairns en France mais cela ne m’empêche pas de m’intéresser à cette pratique ancienne au Tibet (an II de notre millénaire)
Auriez-vous de images ( vues d’empilements)à me céder(je cite mes sources bien entendu) dans le but d’éditer un article sur la pratique des cairns de par le monde
Puis citer un extrait de votre récit à propos des « mani »
Merci par avance
Cordialement
Pascal Levaillant
pascal.levaillant@sfr.fr
http://www.pascallevaillant.com
« En chemin, je retrouve avec un certain plaisir les « murs de mani (les Sherpas sont bouddhistes) qui sont des empilements de pierres gravées du mantra . Je suis aussi stupéfaite de découvrir des pans entiers de gros rochers recouverts de prières et de représentations de déités, aussi bien peints que sculptés. Quel travail ! »
source: Du COTE de l’EVEREST Tibétains et Peuples de l’Himalaya tibetainsetpeuplesdelhimalaya.unblog.fr/du-cote-de-leveverst/