Revivre au Langtang 13 juin 2015

Chers(es) amis(es)
Aujourd’hui nous avons été invités pour une très sympathique vente au prieuré d’Amblagnieu  (nord Isère) au profit de notre opération « Revivre au Langtang ».
Nous adressons un grand merci à Pascale, Monique, Didier et Jean qui nous ont réservé un accueil des plus chaleureux.
C’est encore une belle initiative dont les bénéfices viendront grossir la cagnotte que nous adresserons aux victimes du séisme.
Pour rappel: le 21 juin à St Hilaire du Touvet; le 23 à Voiron.
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Revivre au Langtang 10 juin 2015

    Témoignage.

 Comme un coup de torchon que l’on passe sur une nappe où les miettes se sont accumulées, Langtang notre cher village himalayen  a été balayé, broyé, anéanti par la montagne, ensevelissant tous nos amis ce samedi 25 avril 2015. Les protections spirituelles, les autels, les déités courroucées protectrices, les mantras récités dans le vent, les gri-gris, et même notre amour de parrains, n’auront pas suffi.

 C’est injuste, criminel, il faudra bien que Bouddha rende des comptes !

Mais les larmes n’entraînent que vers l’abattement. Alors il faut sécher nos yeux, et la décision a été prise par l’association « Tibétains et peuples de l’Himalaya », Langtang, village martyre (un symbole national ?) revivra !

 En 2005, lors de ma première visite proposée par notre asso, le village était plutôt méconnu, isolé, pauvre, très démuni. Ce 25 avril au matin, avant la tragédie, fréquenté de plus en plus par le tourisme, il donnait enfin l’apparence d’un site en voie de développement, enfin reconnu et apprécié. Allez, fi d’humilité, j’ose dire que notre asso  y avait été pour un petit grand quelque chose. Bien sûr la propension à la modernité était venue un peu banaliser la rusticité des lieux, des guests-houses en béton s’étant multipliées au détriment des modestes fermes anciennes, le jeans chassant les habits traditionnels ; peut-être aussi notre contact d’occidentaux y fut pour quelque chose, et puis un certain attrait de la ville les aspirant. Mais tout cela pour une vie espérée meilleure, et enfin la sortie de l’isolement.

Un avenir assuré? Un avenir….

 

« Extrait de road-book »

Langtang 2005

 

Bloqué trois jours ou plus à Syabru-Besi. Népal apparemment en supposée grève. “no bus, no Tivi, no telephone, no nothing Sir!”. Piaule glacée, ma poitrine gronde, je crache gras, mouche dans les doigts. Des trekkers indifférents à toutes les difficultés d’ici, sont rentrés en Jeep pour la somme effarante de 70000 roupies. En attente d’un hypothétique bus branlant je tiens à poireauter avec mes amis népalo-tibétains, moucher, cracher comme eux. « no paper Sir ! », j’écris donc au dos de la facture de l’Ibis de Roissy et me rends soudain compte que le prix de la nuitée aurait, ici, fait vivre une famille pendant plus d’ un mois (shame on me). Pendant ce temps certains touristes s’obstinent à ne rien voir autour d’eux, à ne voir qu’eux-mêmes. Et puis pendant ce temps, le Grand Yaka, roi du Népal, s’empiffre depuis 2001 et tiraille sur les pauvres utopistes du maquis. Puff…

 

Retour en arrière. l’asso a pensé à tout. Pour une poignée de roupies (peu pour nous, beaucoup pour les Népalo-tibétains), mon guide improvisé, le jeune paysan Gyurmé, descendu me chercher, me pousse de toutes ses forces dans le bus déglingué, bondé, avec des ballots dessus et des gens encore au dessus. Dix heures pour faire cent cinquante kms entre deux pannes, dont un amortisseur changé miraculeusement dans un hameau. Poussière et manœuvres au dessus du vide pour laisser passer des camions ou des vaches, -pas les poules-. Ici, accrochages valent mieux que dégringolade dans le vide. Rigolades ! Quatre contrôles de militaires plus deux check-points  armés du parc régional de Rasuwa. Les autochtones doivent descendre du bus et faire une queue silencieuse au contrôle. L’ambiance est tendue, car il y a eu des attentats pas loin d’ici. Seul à bord, m’offre l’audace de demander à un bidasse pourtant sourcilleux : « how much for your gun ? » -sourire en douce accordé- Copain avec Dawa, garçonnet de neuf ans, main dans la main. Les Népalo-tibétains qui remontent aux villages m’offrent thé et gâteries, j’en fais autant. Rires et sourires à profusion. Tusitché yagpoudou ! (merci braves gens !). Misag, rayonnante jeune femme, insiste pour me confier son numéro de téléphone de Kat ; elle apporte quelques subsides à sa famille restée au village. Lavage et gouttes dans les yeux de la vieille Rikchi, (peut-être plus jeune que moi). Tous ont fait leur marché, soins divers, troc, vendu un p’tit chien, ou autres, à Kat, car nulle emplette possible  dans la montagne. Après le bitume défoncé, une acrobatique piste étroite serpente dans les éboulis et n’en finit pas de passer des gués inattendus. Terminus pour la mécanique. Le lodge de Syabru-Bensi aux courants d’air gratuits, pas chauffé. Douche glacée , me contentant que du bas frotté plus plus. Cette nuit mon duvet d’oie acheté « peanuts » à Kat fera merveille.

Ça grimpe comme des escaliers, up and down, le long d’un torrent furieux. Tout deux nous fonçons, sans porteurs. Un porteur adulte trimballe cinquante kilos, une femme vingt cinq, un ado douze, c’est syndical ; une exception rencontrée : quatre vingt dix, en tongs ! Namasté ! (bonjour népalais), tachi delek ! (bonjour tibétain) sans cesse. Des singes curieux. Des bovins placides nous frôlant. Hameaux plus que modestes. Toutes les cahutes affichent :  « well-come, best luxury, come as a guest go as a friend ». Les montagnes écrasantes. Le nez en l’air, je trébuche. Egratignures. C’est encore la forêt. Thé beurré ou au lait pour quelques roupies, offert les mains jointes, soumission affectueuse gênante. Il faut aller vers les gens, ils sont si gentils, commerce ou pas, peu insistants, souriants, ouverts à l’échange, se plaignant timidement de cette p…de vie. Le froid qui gagne dans l’ubac. Plus haut les cascades gelées. La frontière n’est pas loin à vol d’oiseau, là où des exilés tibétains ont été tirés à vue par les gardes chinois ( vu à la télé). Un lama de Kat me racontait que blessés et faibles doivent être abandonnés dans la neige à cinq mille mètres pour ne pas compromettre la survie du groupe… Les chortens, les drapeaux du  mantra lungta psamodié par les vents, et moulins à prières chuchotés par l’eau du torrent. Les bergers lointains qui nous saluent, eh ho namastééé ! Les vieux ridés comme des poires tapées (spécialité de mon pays), qui prisent et rient de mes infructueux essais éternuant.  Gyurme doit m’attendre souvent. Je peine. L’altitude se fait sentir. Finie la gloriole, tour du Mont-Blanc, ou celui de la Bretagne, balivernes ! Fougue coutumière, ici plus que modeste. Je pense à mon ami lama mongol, le mystérieux Tenchoy, qui m’assure que certains collègues lévités font en courant des bonds de gazelle à une telle allure que je dois taire sous peine de me décrédibiliser. Moi, suant, peinant, je rame avec les douze kilos de médocs, fournitures scolaires, fringues de gosses, bonbons multicolores. La caillasse maintenant dans l’espace infini où la verdure a renoncé. Les lodges sont vides, merci les médias occidentaux, j’ai quand même vu des maoïstes…à la télé française avant de partir, musique de film d’épouvante à l’appui, vraiment merci pour l’économie locale !

Langtang, trois mille cinq cent mètres. D’adorables maisons tricentenaires de pierre brute et de bois au balcon rustique et aux fenêtres de bois sculpté naïvement, peut-être d’influence newar. Petites fermes humbles mais chaleureuses, tenues par les descendants de lointains Tibétains fuyant les hordes du nord. Le rez-de-chaussée c’est pour les animaux, la pièce unique au premier c’est pour les humains. Le plancher mal équarri à claire-voie y laisse passer la chaleur, l’odeur, les bruits familiers des animaux, leurs pets.

 Tachi delek ! Un chef, genre de maire officieux, nous accueille, thé à l’appui. La foule qui s’agglutine. Les enfants qui toussent, les crachats gras, la morve jaune. Les robes de bure en lambeaux. Les orteils noirs apparents. Les petits cadeaux distribués équitablement de masure en masure. Je sature de lait frais et tiède offert dans l’étable, de thé, alors que je déteste le thé chez moi. Tousitché (merci) les mains jointes. Les faces noires, les mains noires, tout itou, mais je crois bien qu’ici il n’y a que moi qui pue vraiment, à cause de ma sueur de blanc. Pas de toubib, pas de médocs, pas de téloche, pas de radio, un prétendu centre de soins introuvable hormis sur la carte, pas de pilule, pas de capotes, la vasecto à trois jours quand on a des ronds. L’école, une masure, est fermée parce que l’instit, une gamine de niveau certif revenue au village, est de corvée de bois, en portage de dos. Et combien d’autres hameaux ainsi, sans doute inaccessibles en hiver. Communauté de gens humbles. Consterné par ce que je découvre, et honteux du « luxe » que je représente, je vide les ultimes poches de mon sac à la volée.

 Les jeunes et moins jeunes du bus ont galopé en blaguant sur la piste, malgré les ânées ; tous m’attendent chez Gyurmé. Pièce unique enfumée au-dessus de l’étable. Il y a là Rikshi (et ses gouttes à lui re-re-mettre), Diki, l’adorable épouse et ses deux petits derniers ;  les deux aînés sont à l’école à Kat grâce à de généreux parrainages français suivis par l’asso. Et les parents, les voisins, qui viennent voir le seul « westerner » qui va condescendre à coucher dans le dénuement et surtout pas au lodge-cabane avec les trekkeurs.

 L’âtre pétille à même le sol sur une dalle de ciment, bois, brindilles, bouses de yak séchées. Quelques marmites trainent sur une étagère de terre, le thermos de thé omniprésent, des boites d’épices en fer rouillé, une bassine d’eau du torrent à disposition, vêtements suspendus à une corde, imposant tas de literie de lourdes couvertures de feutre empilées contre le mur de pierre, un minuscule vieux meuble à tiroirs multiples, un banc coffre où se rangent sans doute les belles tenues de mariage et de fêtes, la baratte de bois patiné, un bout de tapis très usagé pour les invités. Et puis le coin rituel et sacré de l’autel avec les déités encadrées, une photo jaunie de sa sainteté le Dalaï-lama vénéré qui ne viendra jamais, d’anciens mantras jaunis (ils m’en offriront quelques uns) les bougies à la flamme entretenue, l’encens consumé, les écharpes katas, les fleurs de papier un peu kitch, quelques mystérieuses reliques, vieille mèche de cheveux poussiéreux comme un scalp, quelques coupelles ébréchées avec de l’eau, de l’huile, du beurre de yak, une rare et unique orange en offrande, dont ils se privent.

  Faute de soufflet à bouche Diki, les yeux larmoyant souffle d’une étrange façon pour raviver les braises ; elle aspire sur le côté de la bouche et souffle du bout des lèvres. Elle malaxe, triture, baratte, torche la morve des petits de sa main gauche, dite impure, fait bouillir la marmite, tandis que je fais le clown pour tous les gosses. Chants polyphoniques féminins surprenants de justesse, et de danses sensuelles du fond des âges en robes lourdes et baskets, auxquelles je suis invité. J’y vais aussi du « Ramona » de mon papa mais chute comme d’hab dans l’aigu. Gros rires de dents cariées assortis de bourrades amicales.

 Il se fait tard. Il faut encore ingurgiter de multiples restes bourratifs comme les momos ou la tsampa, accroupis tous en cercle, chaud devant, froid dans le dos, quelques petits endormis sur moi comme des chiots, le ventre rond, après m’avoir chanté « tchom tchom tchom ». Dedjen, vingt ans ? plus ? privée de  l’indispensable mari, admire sans cesse les yeux bleu qu’ils n’ont pas, et caresse furtivement la barbe naissante qu’ils n’ont pas. Elle ose : « you marry me ? », à moi, presque vieux machin troublé, que les belles nanties trop compliquées qui-en-veulent-toujours-plus, chassent à coups de balai. Parce qu’ici le bouddhiste sait que l’être le plus important est celui qui vous fait face, maîtrisant l’impermanence de l’âge, et sublimant le miracle de l’instant. Dedjen voudrait aliéner sa vie pour me servir (honte à mes pensées). Il faudrait tout réapprendre, effleurer du bout des doigts comme E.T, et du bout des pupilles qu’on devine à peine. Tenter encore d’aimer aimer.

Ils m’ont réservé l’espace sacré près de l’autel de Sakiamuni. La fenêtre avec un carreau brisé mal réparé avec un bout de sac plastique, juste au dessus de ma couche, va enfin m’autoriser à corriger mon asthme. En effet, la fumée de l’âtre qui devrait s’évacuer par le plafond de brandes, a tout envahi. La pièce unique toute noire est « culottée » comme une vieille pipe, et nous nous caramélisons nous aussi petit à petit, mais consolation, l’odeur est, comme certains jambons, finalement agréable!

Gyurmé m’a proposé, après le dîner, de rajouter quelques brindilles sur le feu mais, éclairé d’instinct, je refuse le privilège qui m’est offert. Les vieux se sont couchés dans leur coin, les petits collés à eux ; je les entends échanger des minauderies en de discrets chahuts. Le feu de cuisine tombant il fait de plus en plus sombre, et de plus en plus froid. Je n’entends plus un bruit, mais je guette. Le jeune couple s’étend tout près de moi sous leur lourde couverture de feutre. Tous se sont allongés tout habillé, et j’ai du bien me contorsionner pour enfiler le pyjama devant leur grande curiosité. Les braises éteintes c’est maintenant la pénombre. Et c’est alors, aux premiers ronflements des vieux, que je ressens l’activité discrète du couple, dont les vibrations parvenues jusqu’à moi, me font verser une larme d’empathie.

 Cette nuit l’eau de mon bidon gèle. Je dois enjamber les corps assoupis par terre , des porteurs fourbus ayant gagné la grâce de l’hospitalité, pour aller pisser sur la glace, et sous Orion que je peux toucher et qui compte ici plus de douze soleils. Le lendemain ils me disputeront gentiment, « que je prenais des risques, que la nuit les esprits mauvais pouvaient me capturer, que je leur manquerais, et qu’il y a l’étable pour faire ses besoins, de ne plus jamais recommencer ça »…

 

Je pars au petit jour pour me heurter  au pied du majestueux et menaçant Lirung ,7225m, monstre blanc sacré qui semble me dire : « t’es pas sherpa, demi-tour p’tite bestiole ! ». Nausées, maux de tête, inappétence, j’suis foutu. Je reviens dormir douze heures d’affilée dans l’âcre fumée. Chuchotant, le village défile, le souffle tiède des uns et des autres, la morve reniflée. Mon sac, mes effets, mon fric, pendus au clou. Ma vie entre leurs mains ? Mais ici on ne touche qu’avec les yeux. Diki se penche et tente un « tea On-ouy ? »- peine perdue.  « garlic soup good for altitude On-ouy ? » -négation- commisération publique- On me cale dans le duvet un gros bébé odorant de lait de femme comme bouillotte, sa poitrine râle et me brûle. J’ai enfin été, du coin de l’œil, le témoin de l’origine du baiser d’amour, j’ai vu  Rinchen donner de la tsampa humectée de thé et de salive, de la bouche à la bouche, au tout petit frère qui réclamait.

Du balcon le brossage des dents attire un tas de curieux. Suis crado, pas de toilette depuis Jchépukan. Pas de cabinet d’aisances ; s’essuyer comme eux avec n’importe quoi, mais eux, si pudiques, délicats, le sens de l’art naïf, et le dos tourné pour l’ami.

Nous repartons. Je porte sur la tête le local passe-montagne blanc, offert (mais très grattant) que j’offrirai à mon tour à un très vieil homme au Myanmar.J’ai les yeux bien humides au moment de l’écharpe kata passée autour de mon cou par Diki et qui veut peut-être dire « ne rentre pas trop tard, surtout ne prends pas froid ». Les yeux qui se débrident d’étonnement, ici sans doute on ne pleure qu’aux pujas des funérailles. Les enfants du village exhibent leur seul bien, le crayon-bille reçu la veille. « kombac On-ouy ! » il ne manque plus que la musique du film « Himalaya l’enfance d’un chef ». Dawa, mon p’tit cop du bus, qui n’a jamais dit le moindre mot, et qui se blottit contre moi. Dedjen aux-yeux-en-forme-de-traits-de-crayon qui tient à porter mon sac un moment, et que j’ose embrasser sur les permanents ronds rubiconds des joues. Un dernier regard à mes deux vieilles paires de grolles de Compostelle, trop grandes dans les pieds de mes nouveaux potes. Je palpe encore une fois l’oreille de Norbu pour m’assurer qu’il n’y a pas de ganglions. Ultime visite au Dukang, la si modeste salle de culte pour saluer les hommes. Puis taquiner les femmes souriantes et uniformes, croisées sur le chemin, leurs hottes tressées déjà lourdement lestées de bouses sèches, légumes, ou autres terreaux. Soudain, à la dernière maison, on me présente un enfant de trois ans qui ne marche pas. Je chante « tchom tchom tchom » et tente de le faire danser en échange d’un bonbon. Problème neuro-moteur ? …zut, j’suis pas toubib ! Mais à mon prochain passage je constaterai qu’ils ont bien bricolé une sorte de youpala de bric et de broc très encourageant.

 Le village se perd dans la dernière neige printanière. La longue descente s’amorce, torrent cette fois à babord. Le léopard des neiges ou le panda roux nous observent peut-être d’en haut à tribord. Rencontre derechef avec les gamines qui nous avaient offert des patates…chaudes, cuite à la bouse séchée, dans un champ en montant. Le présent était délicat, de l’or dont on se prive pour un faux bouddha rencontré. Un oncle (l’oncle de qui ?) rencontré en chemin s’ôte le petit collier modeste traditionnel de corail et turquoise, et me le passe au cou avec effusion. Des lianes tressées pendant contre la falaise supposent d’acrobatiques chasseurs de miel.

 

En carafe ainsi pour trois jours à Syabru Bensi, trou perdu. Refroidi, très enrhumé, me mouche comme eux et frotte comme eux mes doigts sur ce qui est à ma portée, avec un sérieux problème de main impure car je suis gaucher invétéré. Sans kleenoux donc, j’ai donné mes derniers paquets à deux femmes intéressées qui en ont fait bien des commentaires. Rien à faire sur la terrasse du lodge des courants d’air ? Si fait,  boire du rhum népalais Kukry acheté quatre cents roupies dans une échoppe, et puis de l’aigre tchang tiède, « bière » d’orge himalayenne, offerte par la patronne, en échange de la promesse de lui ramener une paire d’escarpins d’occase en 36 (ce que je ferai). Vite enivré le On-ouy, car il n’a pas bu une goutte d’alcool depuis son départ de France.

 

La boss de l’asso m’avait proposé d’aller jeter un œil sur les artisans d’un certain hameau pour vérifier qu’on n’y fait pas travailler les enfants. –impossible- Je suis mal fichu et à court de ronds. J’ai pourtant du temps disponible avec cette foutue drôle de grève. Plus tard, nous irons peut-être avec Temba et Gyurme jusqu’à la frontière chinoise négocier un petit cheval pour faciliter les corvées du village « un blanc ! c’est plus audacieux qu’un roux ou un noir ! ». Ce qu’ils feront plus tard grâce aux  retombées de notre passage à l’émission « Des racines et des ailes ».

 

Imprudemment ni bouquin ni mots-croisés ni musique à l’oreille. Poireauter sur la terrasse et écrire sur le rustique et inégal papier népalais. Picoler jusqu’au glaçant rideau du soleil à peine couché. Pays de la leçon de patience. Il me faut pourtant coûte que coûte être de retour pour Losar, le nouvel-an tibétain, pour me poster en lotus chez les monks de Bodnath, devant les dungchen, ces immenses trompes graves qui me font vibrer l’échine aussi bien qu’une main de femme.

J’apprendrai au retour que le roi a fait son « coup d’état » contre  les maoïstes, et la corruption (SA corruption, non mais !) bloqué le pays, déployé l’armée ; et interdit transports publics, la vente de tabac ( !) et tout le réseau téléphonique.

 En cela Le Grand Yaka, m’aura donc privé  de retrouver la belle inconnue Misag, que je chercherai pourtant longtemps dans tous les bouges de Kat, maladroitement aidé de gestes incertains et d’une piètre photo d’elle, et puis enfin de quelques comparses locaux rémunérés à perte. En vain.

 

Ce jour, deux semaines après le drame, les médias ont enfin « découvert » Langtang, cessant de causer sans fin de briques newar et des nantis de l’Everest à quarante mille euros l’aventure individuelle !

 Dans la minuscule chapelle dukang reconstituée  à la maison, je médite devant le même autel qu’à la ferme, et le visage approchant avec fébrilité les mantras offerts par Gyurmé et Diki je retrouve avec une joie émue la persistante odeur envoûtante de l’âtre et de l’encens d’avant. Alors je tente assidument, comme nous tous amis de TPH, de faire revivre en moi, en un étrange sentiment de douleur et d’attachement surdimensionné chez nous, nos amis si chers… henry Fanen.

 

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Revivre au langtang 9 juin 2015

Une vidéo saisissante du Langtang après la catastrophe.

Image de prévisualisation YouTube


Revivre au Langtang 6 juin 2015

4 juin 2015 : Bien qu’en voyage loin de France, nous avons pu contacter Temba par téléphone et par la messagerie de Viber.

Il nous dit s’être rendus avec Nima et plusieurs autres dans le village sinistré du Langtang à la recherche des corps et autres objets, mais malheureusement ils n’ont trouvé aucun corps parmi les décombres.

La veille, Temba avait une réunion avec l’I.C.I.M.O.D. (International Centre for Integrated Mountain Development) basé au Népal et qui travaille sur le renforcement institutionnel, la coopération et le partage d’informations entre les zones de montagne. (Photo 1)

En ce qui concerne la reconstruction du village, le gouvernement Népalais confirme la possibilité de situer les nouvelles habitations un peu au-dessus du village d’origine à l’endroit où se trouve le bâtiment en cours de construction qui devait abriter un mini hôpital, et à Kyangjin Gumpa.

Comme il s’agit d’un parc naturel, le gouvernement procèdera à une (re) distribution des terres afin que les rescapés n’aient pas à racheter du terrain.

Cette procédure va probablement durer 3 à 4 mois minimum.

Il semble que les réfugiés qui vivent sous les tentes à Kathmandu souffrent de la chaleur et des moustiques, deux paramètres auxquels ils ne sont pas habitués…

Il ne reste plus qu’une semaine avant la fin des pujas en la mémoire des défunts. Temba nous dit que Jyangjul va un peu mieux après avoir traversé une période dépressive intense. (Photo 2)

La semaine prochaine il doit nous faire parvenir un colis d’artisanat, ce qui permettra à l’atelier Pagoda d’avoir une rentrée d’argent bien attendue après plus d’un mois d’arrêt.

S’il y a des volontaires pour organiser une vente, nous aurons donc bientôt un peu de stock.

Temba ICIMOD 2Jyangjul



Revivre au Langtang 21 mai 2015

Bonjour,
Hier la discussion sur « viber » avec Temba a duré jusqu’à 22h30 (heure française)
Il y a eu une grande réunion des rescapés du Langtang à « yellow gumpa » : Swyanbu.
Un comité s’est mis en place pour la gestion du camp de réfugiés et pour la reconstruction du Langtang.
Temba a été élu président de ce comité par l’ensemble de sa communauté.(chairperson of Commitee)
Cette nouvelle vient renforcer,s’il en était besoin la confiance que nous avons toujours eu en lui.
Il pourra donc se présenter comme interlocuteur officiel auprès des instances (municipalité ou autre) que nous ne cessons de solliciter pour leur apporter une aide.

A ce propos, je vous invite à lire l’article suivant:

Les Népalais n’ont pas besoin de vous, juste de votre argent

 
 
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Les Népalais n’ont pas besoin de vous, juste de votre ar…

Décider de vous rendre au Népal au lendemain du tremblement de terre n’aidera pas les sinistrés. Au contraire.
 
Aperçu par Yahoo
 
 

Ou l’on voit bien que la situation du Népal doit rester entre les mains des Népalais.Notre rôle étant bien de rester ici pour collecter des fonds.

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Revivre au Langtang 20 mai 2015

C’est au lendemain d’une très belle soirée organisée en partenariat avec l’Amicale de Proveyzieux que je vous écris ces quelques lignes.

La municipalité nous avait gracieusement prêté la salle des fêtes de Pomarey, et nous avons pu servir 108 repas composés notamment du plat national Népalais: le dal bath.

Le tout agrémenté d’un diaporama sur le Langtang et les Annapurnas. La recette venant alimenter notre cagnotte pour l’opération « Revivre au Langtang ».

Ce matin, nous étions contactés par Temba par « Viber » (il semble que les e-mails soient encore difficiles à émettre).

Il nous confirme qu’environ 30 personnes du Langtang se sont installées autour de chez lui: principalement la famille et des proches: la famille de Sonu, Gyualbu, Lakpa, Sangay, Nima, et les enfants de ses frères et soeurs.

Les autres rapatriés sont massés à Swayanbu ils seraient environ 350 à « yellow gumba »: les tentes sont en nombre insuffisant, certains n’ont que des bouts de plastique pour tout abri.

Temba nous demande de financer l’achat de quelques tentes. La mousson a débuté…

Nima nous apprend qu’une nouvelle secousse a eu lieu à KTM cet après-midi sans préciser son intensité…

Nous allons donc procéder rapidement à un virement bancaire pour l’achat de tentes, un pécule pour chacun des proches, et une aide pour le loyer et les salaires de Pagoda car le travail n’a pas repris.picture



Revivre au Langtang 16 mai 2015

Comme nous vous le disions le 12 mai, les rescapés du Langtang qui se trouvaient à Kyangjin Gumpa ont été évacués sur Kathmandu.
Depuis nous avons pu parler au téléphone avec Temba et chater sur messenger avec Nima, Lakpa et Sonam le fils de Gyualbu.
Ils sont accueillis dans les jardins d’un monastère où ils sont semble-t-il nourris par les moines mais pas par le gouvernement Népalais…
Les jeunes avec qui on communique par chat nous disent: « Plus de famille, plus de maison, plus de vêtement, plus d’argent en poche.. »
Nous envisageons en conséquence d’apporter une petite aide d’urgence pour que chaque famille puisse disposer d’une petite somme et ne soit pas uniquement dépendante de la générosité des uns et des autres et en particulier de Temba qui doit être beaucoup sollicité.
Nous avons demandé à ce dernier d’évaluer le nombre de personnes et familles du Langtang qui devraient bénéficier de ce pécule.
Compte-tenu également du loyer élevé de Pagoda et du chômage technique dû aux séismes, nous enverrons aussi une petite somme (1000€) qui servira pour le loyer et assurer une partie des salaires des employés. 
Temba a bien compris que pour plus de clarté et une meilleure gestion, ces sommes seront virées sur un compte différent de celui de Pagoda.
(ces aides seront prélevées sur les fonds que TPH avait budgétisé pour les projets courants qui n’auront pas lieu en 2015. Les sommes résultant des dons pour l’action « Revivre au Langtang » seront réservées aux projets que nous ferons avec eux pour la reconstruction de leur avenir).
En outre, pour beaucoup d’enfants, adolescents et jeunes adultes qui sont orphelins se posera rapidement la question du financement de leurs études.
Quand nous aurons pu recenser les besoins de ces jeunes, nous ferons un appel pour un sponsoring (parrainage) que nous orienterons vers une association (ex:Solhimal) ayant déjà l’expérience de cette pratique et à qui nous accordons notre confiance.024


Revivre au Langtang 12 mai 2015

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Bonjour ,
nous venons d’avoir des nouvelles de Temba…..il nous informe de la situation sur Viber.
Hier il est allé dans le Langtang , porter des vivres aux rescapés qui étaient  toujours à Kangjym Kompa ( 4 000m ) en hélicoptère.
Il est revenu …et aujourd’hui suite à la nouvelle secousse de grande amplitude,le Langtang a encore été victime d’une très grosse avalanche…… le gouvernement népalais a donc décidé d’évacuer Kangym Kompa….les rescapés se trouvent actuellement à Dunche ou sur KTM.
Le gouvernement ne ravitaille pas les réfugiés…….mais ils sont souvent accueillis dans les jardins des monastères …et là ils sont totalement pris en charge.
Les murs de Pagoda sont très endommagés….Temba se fait beaucoup de souci…..il dit  » maintenant c’est très difficile d’envisager comment survivre »…….nous tentons de le rassurer en lui disant combien nous œuvrons pour eux et que nous sommes en lien avec d’autres assos qui connaissent le Langtang et qui collectent pour eux.
Ce à quoi Temba répond : » please help us to survive in future « 
Il nous remercie beaucoup.
Pour le moment il sont très occupés à organiser des pujas pour leurs morts……cela doit durer 49 jours.
 
Voila pour les dernières nouvelles……espérons que les séismes cessent rapidement


Revivre au Langtang 7 mai 2015

Chers(es) amis(es),
Ce matin nous avons reçu un petit mail de Temba. Aussitôt traduit par Henry pour que chacun puisse comprendre clairement.
Le voici:
“bonjour, j’ai été trop occupé pour vous donner de mes nouvelles, par l’aide à création de camp de fortune,  soins, etc.
j’ai bien reçu les fonds, immédiatement investis dans de la nourriture, des produits d’urgence médicale, des vêtements, des couvertures… tout cela porté par mes soins dans un hélico de l’armée. j’ai donné 20000 roupies (170€ environ) au “Langtang disaster relief fund” au nom de TPH.
très vite j’irai livrer des vivres à Kangin gumpa par hélico.
à ce jour on dénombre 172 victimes et trente blessés (Langtang?). plus de 100 personnes sont réfugiées à Soyambu, 80 (réfugiés?) séjournent à Kiangin gumpa, Mundu et Sindum.
internet étant trop lent, j’enverrai des photos par Viber. j’attends de vos nouvelles » , Temba
 
Je vous transfèrerai les photos aussitôt reçues.
Quelques contacts par chat’ ces jours ci avec Nima et Lakpa qui sont difficiles car ils ne peuvent se détacher de leur tristesse, les réconforter par internet n’est pas aisé…
Les initiatives pour notre opération REVIVRE au LANGTANG se multiplient: ce matin nous étions avec Nicole au CE de « BD » (la boite ou elle travaillait) pour organiser une vente d’artisanat et une demande de dons.
Nous aurons une collecte de dons lors du match de rugby Grenoble/Toulouse le 16 mai, initiée par René C. le père d’un jeune trekeur grenoblois qui se trouvait tout proche des lieux au moment du séisme. Il se mobilise avec son fils pour apporter son aide aux villageois survivants.
Nous avons déjà + de 60 inscriptions pour le repas du 19 à Proveysieux. (80 places seulement).
Et puis des ventes d artisanat : chez HP , ST micro Electronique, 2 ventes à Le pin, vente en Normandie, en Touraine, en Savoie ( vente + repas) , sur le marché de Vif, à St Hilaire du Touvet ….etc
Sans doute un vide greniers à St Egrève fin juin.
Amicalement
Jean Gilles18


Revivre au Langtang 3 mai 2015

 
Notre ami Henry a trouvé sur internet un site qui vient d’être créé par des trekeurs qui se trouvaient dans le Langtang avec Jhyangjul au moment du drame.
Ils étaient eux aussi à quelques heures de marche du village et ont pu en réchapper de justesse.
Henry nous a fait très rapidement la traduction du récit que vous trouverez en anglais sur leur site. Nous le remercions pour ce beau travail.
Ils ont également lancé un appel à générosité qui est semble-t-il très efficace et qui présage d’une aide efficace pour tous nos amis rescapés.
Voici le texte:
 
Voici la traduction du récit du drame du Langtang écrit par deux jeunes femmes anglaises, montées au village dans un but éthique et culturel, et qui étaient accompagnées de l’épouse de notre ami  Temba. Hayley et Emma, très dynamiques et d’une grande sensibilité, ont déjà récolté beaucoup de fonds par leur site improvisé (Langtang survivors fund-just giving).
« On a quitté Langtang à peu près deux heures avant le drame. Ce départ s’est accompagné de joie et d’effusions de la part des villageois désireux de nous revoir bientôt. Le séjour a été merveilleux. Notre ami Son Norbu (le frère de Chang-Ju la femme de Temba) (Chang-ju=Jhyangju) souhaitant ouvrir un musée « Tibetan Himalayan Heritage » nous réfléchissions à la manière de pouvoir l’aider. Ainsi pendant la semaine, accompagnées de Dawa et Chang-Ju, (Chang-ju=Jhyangju)  nous avions visité différents sites historiques à cet effet,  son cheval, Yangry, nous facilitant le parcours.
La veille du départ nous avions assisté à une assemblée dans le monastère réhabilité (ou lieu de culte ? NDT) restauration pour laquelle nous avions versé des fonds. Des gens d’autres villages s’étaient joints à nous ce matin-là.
Donc, ayant quitté Langtang, nous marchions sur la piste vers le lodge Lama-Hôtel .
Lorsque le tremblement de terre eut lieu, nous fumes tout d’abord surprises  par un bruit puissant et nous vîmes un pan de montagne tomber de l’autre côté du torrent ; nous sentîmes alors la terre trembler et courûmes vers un quelconque abri. On ne voyait rien à cause de la poussière mais sentions d’énormes blocs de roche dégringoler autour de nous. L’un d’eux vint frapper le rocher derrière lequel Emma était abritée et elle faillit s’évanouir.
Le premier choc passé, nous nous mîmes à courir pour trouver un meilleur abri, mais la piste n’existait plus ; un glissement de terrain, des rochers, des débris de toutes sortes nous firent nous replier  vers notre précaire abri. A tout instant nous ressentions la précarité de notre situation, des chûtes de pierre dévalant de très haut dans un vacarme effrayant. Alors nous restâmes à l’abri ( !) pendant une bonne demi-heure que nous utilisâmes à nous débarrasser d’un maximum du poids de notre sac-à-dos, pour ne garder que l’essentiel. Pendant qu’un porteur et Dawa tentaient de rejoindre Lama-Hôtel pour chercher du secours, un couple de Français, une Hollandaise et trois porteurs nous rejoignirent. La panique était constante pendant la reprise de notre marche, des rochers instables nous frôlant ; Chang-Ju(Chang-ju=Jhyangju)  et les porteurs nous guidaient par la main dans ce chaos. Finalement après une bonne heure nous atteignîmes Lama-Hôtel complètement épuisés.
Trente à quarante villageois et quinze trekkeurs s’y trouvaient déjà. Nous nous délestâmes encore de vêtements pour couvrir les villageois dépourvus de tout dans leur fuite ; deux d’entre eux avaient des plaies à la tête, ils nous racontèrent que leur échoppe à thé était détruite. Vers l’aval de la piste tout était bouleversé, mais heureusement, la vallée encaissée  s’élargissant à cet endroit, nous envisageâmes de gagner un plateau qui nous permettrait de progresser. Le temps de la réflexion, tous nos sens en alerte, de petits glissements de terrain menaçaient même notre lieu d’accueil. Avant que la nuit ne vienne nous constatâmes plus bas que le flux du torrent s’était anormalement tari. La nuit se passa en veilles, à l’écoute du moindre bruit anormal. Franchement nous ne pensions pas avoir de chance de survie ! En plus de tout ça il faisait très froid et il pleuvait à verse. Epuisés, nous n’avions pas mangé depuis des heures. Plus tard, les pilotes de notre hélico nous racontèrent que d’énormes blocs de rocher dévalaient avec force depuis Kenjin-Gompa, à des kilomètres, dans notre direction. Un Français disposait d’un téléphone satellitaire et nous tentâmes de joindre l’Ambassade de Grande- Bretagne, mais sans succès. Dépités nous tentâmes alors, mais sans réponse, de joindre familles, relations, ou n’importe qui à Katmandou pas SMS ; bien sûr nous comptions sur un hypothétique héliportage, mais hélas, aucun endroit n’aurait été favorable à un atterrissage.
A l’aube nous prîmes la décision de rejoindre le village de Rimche que nous avions tenté de rejoindre le jour précédant ; de cet endroit Dawa nous indiqua une vieille piste sommitale qui mène à un lieu-dit Sherpa Gaon, mais pour nous deux c’en était déjà trop, tant d’adrénaline et les jambes sciées ! Nous partîmes à onze trekkeurs et dix locaux dont Chang-Ju et Dawa, les autres préférant tenter la piste normale empruntée par tous à l’aller. Bien que très endommagée cette piste nous permettrait d’atteindre Rimché, mais sept personnes (quatre trekkeurs et trois porteurs) renoncèrent à cause de l’extrême difficulté, du danger potentiel à progresser dans ce sens. Ils firent demi-tour. Pour atteindre Sherpa-Gaon nous eûmes à monter, contourner, nous agripper à la moindre motte de végétation, à la moindre racine. Epuisés, déshydratés, le souffle coupé, nous avions la tentation du renoncement, mais nous étions conscientes que ce n’était plus qu’une question de vie ou de mort . (Nous n’exagérons en rien !). Tandis que les pierres ne cessaient de dévaler, nos amis, Dawa et deux frères du lodge nous cramponnaient, nous hissaient, sur des parois particulièrement abruptes. Au bord de l’épuisement, et après un dénivelé de plus de mille mètres effectué dans l’urgence en deux heures à peu près, le relatif abri du plateau du hameau nous accueillit avec force thés brûlants offerts par les villageois.
(Nous devons déclarer que nous avons été aidés, sauvés à de multiples reprises, par des gens souvent inconnus, qui nous ont toujours considérés comme des membres de leurs propres familles !)
Après quelques heures de repos, et tentatives d’attirer l’attention d’un hélico nous survolant, Dawa décida de se rendre jusqu’au prochain village pour appeler du secours. Il y parvint, et un hélico, piloté par un certain Dougie, se posa dans un champ à 16h15. Embarquèrent  Emma, Hayley, Dawa, Chang-Ju, et Katarina, une Slovaque dont le pied était brisé. Comme si les évènements n’eussent pas été assez dramatiques comme cela, les villageois se mirent soudain à crier et gesticuler dans notre direction, peut-être à cause du fait qu’ils constataient encore des rocs dévalant autour.
Le soulagement de parvenir à Katmandou fut brutalement refroidi lorsque nous apprîmes par Temba venu nous accueillir, que le village de Langtang avait été entièrement détruit par une avalanche de boue et de pierres. Dougie, qui avait survolé la zone, affirma que l’endroit semblait avoir subi une éradication nucléaire ! Plus aucune maison et, pensait-il, aucun survivant. Ces adorables gens si accueillants, ces enfants joueurs, étaient perdus ; les familles entières de Chang-Ju, de Temba, de Dawa, et bien d’autres, après avoir vécu tous ensemble sous les mêmes toits si longtemps (depuis des générations) n’existaient plus ! Le rêve de Dawa était d’enseigner dans cette petite école toute neuve… et nous ignorons si Son Norbu (et son cheval Yangry) ont survécu.
Un petit village, pauvre mais cependant riche de ses générations successives  qui représentaient si bien la trop fragile culture tibétaine, nous a quittés brutalement !
Devant tant de misères, au constat de l’effondrement de nos amis, il est de notre devoir d’agir ; nous avons donc décidé, en plus de notre implication au « Charity Community Action Nepal », de créer le site « just giving » « Langtang survivors fund » et lançons un appel pressant  aux dons » (Fin de traduction)
Le lien:
 
 http://www.justgiving.com/Langtang-Survivors/?utm_source=Sharethis&utm_medium=fundraisingpage&utm_content=Langtang-Survivors&utm_campaign=pfp-email 
 
Aujourd’hui, nous n’avons pas de nouvelle de Temba par messenger.
 photo(2)
Amicalement
Jean Gilles


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