2015. VOYAGE au NEPAL: FRAMBOISE saison 9

Voici aujourd’hui en guise de témoignage, quelques extraits du « road-book » de notre amie Framboise. Elle a séjourné au Népal en novembre et décembre 2015. C’est la 9ème fois qu’elle visite ce beau pays, mais cette année bien sûr, il est assombri par les terribles malheurs que l’on connait…

26/11/2015 Namaste, Tashi delek

En ce qui concerne la situation politico-économique, le gouvernement reste sur ses positions, c’est-à-dire qu’il ne reconnaît aucun droit à certaines populations du sud du pays (partie limitrophe avec l’Inde) qu’il considère comme étant indiennes. Du coup, une grande partie de la population du sud fait elle aussi blocus (pour rappel, l’Inde ne laissait passer qu’au compte-goutte les camions de réapprovisionnement pour protester contre la nouvelle constitution mise en place au Népal le 20 septembre) pour tout ce qui est sensé rentrer dans le pays : gaz, pétrole, médicaments, denrées de première nécessité… Régulièrement, il y a des violences mortelles parmi la population et les policier, dès que quelques camions essaient de forcer le passage. Les camions sont alors saccagés. On a pu voir aux infos de la nourriture et des médicaments épars  qui étaient inutilisables. Le long des routes en direction du sud, sur des dizaines de kilomètre, les gens font la queue nuit et jour avec leurs bouteilles de gaz… Dans les restaurants, le choix est de plus en plus restreint… quand ils n’ont pas fermé. Les menus sont maintenant présentés sur une feuille recto-verso bien aérée, mais certains items ne sont déjà plus disponibles… Et dans les magasins, les rayonnages se vident aussi…

Dans ma famille d’acceuil, il y a trois soirs de çà, la maman est partie à pied avec sa  bouteille de gaz sur le dos à 25 minutes d’ici, parce qu’un bruit avait couru  que des camions de gaz avaient pu passer… Elle y a  passé la nuit et presque toute la journée pour rentrer bredouille en fin d’après-midi ! On cuisine donc au maximum à l’électricité, avec deux cocottes pour cuire le riz… et le récipient du mixeur en guise de bouilloire… selon le bon vouloir de la fée électricité… car en cette saison, on en est à 10 heures de coupure par jour.

 Sinon, les travaux du stupa avancent… très lentement… en fonction des livraisons… Ce qui n’empêche nullement de célébrer la pleine lune : c’est le socle de la grande cloche qui est décoré de fleurs posées dans des verres d’eau, les tréteaux de lampes à beurre sont concentrés sur la place attenante et les chants religieux ont lieu sur le balcon du premier étage du monastère. Je ne suis pas restée assez longtemps pour voir s’il y aurait le monticule alimentaire d’offrandes.20151125_170652

Ce sera tout pour cette fois. Framboise.

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Les préparatifs en vue des travaux le 24 décembre.

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Cette rampe servira pour acheminer les matériaux, tirés par des cordes.

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Cette rampe servira pour acheminer les matériaux, tirés par des cordes.

 

9/12/2015 Namaste tout le monde

 Presque 24 heures sans électricité… 

et on n’a pas à se plaindre : ce matin encore, je discutais avec une dame qui me disait que dans son village, ça fait déjà six jours qu’ils n’en ont pas ! 

Les transformateurs ne sont pas au top de leur forme : de plus en plus souvent, le courant saute deux, trois voire quatre fois avant de se maintenir tant bien que mal, vu la surconsommation due au manque de gaz, l’Inde faisant toujours blocus.

Alors justement, le manque de gaz… on a déjà vu des familles et des restaurants se faire livrer du bois… à dos d’homme (et de femme). En allant à Kathmandu, j’ai pu voir, le long des trottoirs, des files de bouteilles de gaz, enchainées aux barrières pour ne pas se faire prendre sa place ou sa bouteille. Certains arrivent à s’approvisionner au marché noir, en payant quatre fois le prix…

Alors que jusqu’à présent, dans les restaurants, les cuisiniers préparaient le plat choisi au moment de la commande, le peu de choix sur le menu est cuisiné en quantité à l’avance et gardé au chaud dans des plats en inox, au-dessus de bougies. Quelque fois, le menu n’est même plus présenté : le serveur dit le seul plat qu’on peut manger. 

Restriction aussi pour les boissons chaudes s’il n’y a pas d’électricité… en plus du fait qu’il est de plus en plus difficile de trouver du lait.

 Voilà où en est la situation aujourd’hui, ni l’Inde, ni le Népal  ne voulant céder sur ses positions. 

Un autre drame humanitaire se joue en ce moment même pour ce peuple qui ne s’est encore pas relevé de celui d’avril…

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Deux façons de faire face à la pénurie de gaz et d’électricité : le bois et le solaire

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 Framboise

 

19/12/2015 Namaste tout le monde

 Voici quelques nouvelles supplémentaires.

 Il fait toujours très beau, mais les températures ont baissé. On atteint les 20°C au soleil, abrité, sinon il y a beaucoup de vent, qui fait ressentir une différence de 3/4°. Et dès qu’il n’y a plus de soleil, on a intérêt à s’activer. En général, c’est à ce moment-là que je fais le plus de kora ! La nuit, on est à 2°C.

 Le blocus par l’Inde étant toujours d’actualité, la situation ne s’améliore pas, si ce n’est que le prix du gaz et du pétrole a un peu diminué du fait qu’il y a maintenant abondance de marchés au noir.

Un Népalais me disait hier un paradoxe : « C’est le blocus et pourtant on arrive à trouver de tout ! » avec un air d’incompréhension.

… encore faut-il avoir les moyens !

Un Tibétain me racontait qu’il allait travailler habituellement en moto, à 16 km de chez lui (32 aller-retour). Quand le litre de gasoil est passé de 105 roupies à 500, il a pris le vélo… puis la bronchite… puis a fini par ne plus pouvoir aller au travail… Il a repris la moto quand le litre est redescendu à 300 roupies.

A savoir qu’au Népal, il n’y a pas d’assurance maladie : c’est donc tout à perte !…

La bouteille de gaz, elle, est passée de 10000 roupies à 8500 (prix de base : 2500).

La situation pour les restaurants est la même, si ce n’est que quand ils arrivent à servir un plat, les portions sont légèrement restreintes. Les prix ne bougent pas, mais la plupart du temps, ils ne comptent plus les 10% de service. Par contre, les 13% de taxe du gouvernement sont toujours appliqués !

 

J’aurais bien aimé pouvoir photographier les files de bouteilles de gaz, mais comme je me déplace en « local », c’est quelque peu difficile. Je m’explique.

Avant le blocus, il était fréquent de voir des autochtones se déplacer en taxi (plus rapide, tarif préférentiel). Maintenant, on en voit très peu. Par contre, les tuk-tuk, les bus et micro-bus sont

pris d’assaut. Les gens en équilibre sur les marche-pied débordent dangereusement sur la chaussée et les impériales ne sont pas en reste, alors qu’habituellement, pour les déplacements urbains, c’est formellement interdit… Le défi ne me fait pas peur. Je me lance donc à l’assaut ! Enfin… façon de parler, hein, parce que dans les faits, c’est pas si simple !

Déjà, quand le véhicule arrive à l’arrêt du bus, il est archi bondé. Même si une bonne dizaine de personnes en descend, on n’a pas l’impression d’un changement quelconque. Ce qui veut dire que s’il n’y a pas la possibilité pour moi, touriste, d’être en sécurité, ne serait-ce que sur le marche-pied, on ne me laisse pas monter. Et sur l’impériale, encore moins ! Et je peux vous dire que le gars qui annonce les arrêts, les destinations et qui récolte le prix du voyage, se démène comme un beau diable pour remplir le moindre petit espace.

Alors quand j’arrive à enfin insérer ma petite personne dans un micro-bus, forcément les places assises sont déjà toutes prises. Commence alors ce que j’appelle le jeu du puzzle, tellement il faut se contorsionner et prendre des positions dignes de certains personnages de dessin animé quand ils sont distordus. Par exemple, comme on ne tient pas debout sur toute sa hauteur, on est obligé de se courber en direction d’un espace libre (et il n’y en a pas beaucoup), avec l’arrière de la tête ou une joue contre la paroi métallique du toit. On se tient alors comme on peut, une main sur l’épaule de quelqu’un, l’autre à une barre parce qu’elle y a été placée charitablement. Et pour les gambettes, réunies tant bien que mal, il faut s’estimer heureux si un seul des deux pieds est posé à plat. On est plutôt en équilibre sur deux-trois orteils, l’autre jambe pliée plus haut, car il faut se faufiler parmi toutes les jambes « assises » ! La dernière fois que je me suis retrouvée dans cette posture, je m’imaginais en train de voir la scène. J’avais du mal à réprimer mon envie de rire et ce n’est pas passé inaperçu, forcément, étant la seule touriste, tout le monde me regarde ! Je partage donc mon impression (dessin animé) : il n’en a pas fallu plus pour déclencher un éclat de rire général !

Quand j’arrive à m’immiscer dans un bus, où là on peut se tenir droit debout, c’est pas triste non plus. On s’accroche où on peut, comme on peut, en équilibre sur un orteil ou un talon si on est sur une marche, sur un bout de fesse si on rencontre une barre ou un bord de siège. Systématiquement, les sacs à dos, cartables, sacs à main, sont immédiatement empilés près du chauffeur, tandis que les paquets volumineux vont sur le toit, histoire de pouvoir entasser un peu plus de monde. Et ce maillage humain se resserre et se distant  au gré des mouvements du bus. Ce qui m’épate le plus dans tout ça, c’est de constater que les gens, pour coincés qu’ils soient, arrivent à se frayer un passage pour sortir, sans qu’il soit nécessaire de faire descendre une partie du bus. Et je précise : sans mauvaise humeur. Au contraire, qui va aider pour faire un passage, qui va soutenir pour ne pas perdre l’équilibre, qui va récupérer le sac… tout naturellement !

Bref, tout ça pour dire que dans ces conditions, il n’est pas possible de faire des photos…même si chaque fois j’espère…

Bisous à tous

 La Framboise népalaise

 

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Une petite partie de la file d’attente des bouteilles de gaz (là, j’étais en moto, c’était plus facile !)

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1 commentaire

  1. Anne HASLER 16 avril

    En lisant vos voyages au Népal ça donne vraiment envie de découvrir ces beaux paysages et de rencontrer ce peuple chaleureux .
    La vallée de Kathmandu + le treeck à Pokara me paraît bien pour une première decouverte . Les meilleurs périodes sont février et octobre d’après vos reportages . Je pense que pour cette année c’est un peu juste aux niveaux des dates mais l’année prochaine j’espère pouvoir y aller !Je voudrai une estimation sur le prix d’un tel voyage et comment s’y preparer . Merci

    Répondre

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